mardi 30 juillet 2013

"Et rester vivant" de Jean-Philippe Blondel


Un superbe petit roman autobiographique, sorti en 2011, qui explique beaucoup des thèmes abordés dans les romans précédents, et suivants, de cet auteur.

Le narrateur/auteur a vingt-deux ans. Il vient de perdre subitement son père dans un accident de voiture. Il avait déjà perdu sa mère et son frère, également dans un accident de voiture, 4 ans auparavant.
Le genre de scénario qui ne peut arriver que dans la vraie vie. Dans un roman, ça serait trop gros !

Extrait p. 23 :
   "C'est ridicule.
    Personne ne perd son frère et sa mère, puis quatre ans plus tard, son père - à l'âge de vingt-deux ans.
    Ça n'arrive jamais, ce genre de choses. Même dans les romans. Il y a une limite à l'indécence ; quand même. Le romancier plonge son héros dans la tragédie, il ne va pas en rajouter une couche. Il est sur le point d'ajouter un troisième décès, et puis il se reprend : « Ah non, honnêtement, c'est impossible, il faut que je trouve autre chose. »

L'auteur touche l'héritage et décide d'embarquer son ex-copine, Laure, « qui n'est peut-être pas si ex que ça », et son meilleur ami, Samuel, « qui est peut-être davantage », dans un road-movie aux États-Unis.
Une envie subite de voir Morro Bay. Un lieu en Californie, évoqué dans une chanson de Lloyd Cole, un titre pour lequel il a une fascination.
Une fuite, pour se perdre, pour changer de vie. Il ne comptait pas revenir au départ.
Extrait p. 61 :
"Vous savez, j'ai tout perdu, toute ma famille, alors j'ai hérité de l'argent, mais je n'en veux pas, il n'est pas à moi, il ne m'appartient pas, il faut que je le dépense, pour retrouver de la légèreté, pour m'envoler, vous comprenez, c'est pour ça, le voyage, la location de la voiture, les États-Unis, c'est une parenthèse, après, je veux une vie nouvelle, une vie toute nouvelle."

Une très belle histoire vraie, très humaine. Une de celles qui laissent des souvenirs pour la vie. Une de celles qui nous font dire "au moins, j'ai vécu".

Aussi une très belle histoire d'amitié et d'amour entre le narrateur, Laure et Samuel. Une de celles où les contours de(s) la relation(s) ne sont pas fixés mais qu'importe. Qu'importe même ce que peuvent penser les autres, l'important étant ce que les intéressés ressentent entre eux et là, c'est tout simplement très beau.

Un très bel hommage...
Extrait p. 159 :
   "Je vais rarement au cimetière. Je n'y apporte jamais de fleurs. Parfois un mot, que j'écris à la va-vite, sur un tout petit morceau de papier, que je roule ensuite en boule et que je cale, invisible, dans la rainure des tombes.
    Cette fois-ci, le mot a pris de l'ampleur. Il est allé se promener en Californie. Il a suivi les paroles d'une chanson oubliée. Il est revenu. Il ressemble à un hommage - à ceux qui sont partis, mais plus encore, à ceux qui m'ont permis de rester.

  J'espère que, désormais, plus aucun de mes livres ne sera un hommage."

D'un point de vue littéraire, ce roman n'est pas le meilleur de Jean-Philippe Blondel (décousu par moments et quelques longueurs pour moi) mais si vous aimez cet auteur, il faut absolument le lire !

J'ai beaucoup aimé la chronique passionnée de George en 2011 (clic)...



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3 commentaires:

  1. Mon premier Blondel...acheté dans une petite librairie au fin fond de la Bretagne...et cette phrase que je cite souvent...
    "Il n'y a pas de bien ni de mal
    Il n'y a que des circonstances
    Va vers ce qui te cicatrise...."

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  2. j'ai emporté le baby sitter sur la plage ...surprenant comme roman dans sa construction....et j'ai du mal à qualifier le style ....c'est le premier livre de cet auteur que je lis (..suite à une de tes chroniques d'ailleurs....;-), pas mal ....à suivre ..;

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