vendredi 5 septembre 2014

"La lettre qui allait changer le destin d'Harold Fry"... Une histoire originale et touchante !


Harold Fry, la soixantaine, récemment retraité, reçoit un matin une lettre.
Queenie, une ancienne collègue de travail, dont il n'a plus eu de nouvelles depuis vingt ans, lui annonce qu'elle est en train de mourir d'un cancer.
C'est le choc pour Harold. Il est bouleversé.
Il se dépêche de lui écrire un petit mot en retour et sort rapidement de chez lui pour aller le poster. Il a compris que le temps presse. Il sait qu'il est redevable envers Queenie, qu'il ne l'a jamais remerciée pour quelque chose que le lecteur apprendra par la suite.
Ses pieds le portent jusqu'à la boîte aux lettres, il hésite, ne poste pas sa lettre. Il continue de marcher...


Il vit tout au sud de l'Angleterre, elle, près de mille kilomètres au nord, peu importe. Il se persuade que tant qu'il marchera, Queenie restera en vie. Qu'elle ne peut que l'attendre. Sans même retourner chez lui, il prend donc la route, à pied, avec juste quelques sous en poche
Lui qui n'est jamais allé à pied plus loin que l'endroit où était garé sa voiture !
Il est décidé à racheter son passé. Passé que l'on découvre petit à petit, la route étant propice à la remontée des souvenirs en mémoire.
Un périple qui prend figure de pèlerinage intime !

En effet, les premiers jours et premières semaines de marche sont une révélation pour Harold. Il éprouve un sentiment de liberté et d'exaltation qu'il n'avait encore jamais ressenti. Pour la première fois de sa vie également, il prend conscience du paysage, de la nature autour de lui.
Extrait p. 59 :
"[...] La vie était bien différente quand on était à pied. Entre les échancrures du talus, la campagne ondulait, découpée en damiers par les champs et sillonnée par des haies d'arbres et d'arbustes. Il fallait s'arrêter pour les contempler. Les nuances de vert étaient si nombreuses qu'Harold se sentit plein d'humilité. Certaines se rapprochaient d'un velours noir profond, d'autres étaient si claires qu'elles tiraient vers le jaune. Au loin, le soleil se refléta sur une voiture qui passait, et son éclat tremblotant, renvoyé sans doute par une vitre, traversa les collines comme une étoile filante. Comment avait-il pu ignorer tout cela jusqu'à présent ?"

Sur la route, il rencontre des gens, échange avec eux, sans jamais les juger, quelle que soit leur histoire.
Extrait p. 117 :
"[...] Les deux hommes restèrent ainsi quelques instants sans parler, jusqu'à ce qu'Harold sourie, soudain léger. Il comprenait que dans sa marche pour racheter les fautes qu'il avait commises, il y a avait un autre voyage pour accepter les bizarreries d'autrui. Les gens se sentiraient libres de parler et il était libre de les écouter."

C'est une rencontre avec lui-même qui s'opère également. Il pense beaucoup à sa femme, Maureen et à leur fils, David. Il revoit, revit et comprend certains événements de son passé, comme s'ils venaient de se produire.
Extrait p. 62 :
  "Il n'en revenait pas de se souvenir de tout cela. Peut-être cela venait-il de la marche. Peut-être voyait-on autre chose que le paysage quand on descendait de sa voiture et qu'on se servait de ses pieds."
Extrait p. 125 :
"[...] Mais, maintenant qu'il était revenu en plein air, les images naviguaient de nouveau librement dans son esprit. En marchant, il libérait le passé qu'il cherchait à éviter depuis vingt ans, et ce passé bavardait et folâtrait comme un fou dans sa tête avec son énergie propre. Harold n'envisageait plus la distance en termes de kilomètres. Il la mesurait avec ses souvenirs."

Cette marche va non seulement libérer Harold de son passé mais aussi être l'origine d'un rapprochement inespéré avec Maureen, son épouse, qu'il pensait avoir perdue depuis vingt ans.
La fin est belle. Réaliste, dure, mais belle, et émouvante.
J'aime ne pas être déçue par la fin des livres.

Le petit bémol ? Quelques longueurs dans ce long voyage. Heureusement que les souvenirs d'Harold ponctuent régulièrement le récit et tiennent le lecteur en haleine.
Je n'étais pas conquise d'avance avant de commencer cette lecture (le retraité, le sujet un peu loufoque de prime abord...), j'ai bien fait de me laisser tenter.

Une sorte de road-movie initiatique, mais sans la voiture !
Une histoire originale et touchante.

Ce roman est le tout premier de Rachel Joyce, une auteur britannique, qui a été pendant des années scénariste (radio, télé et théâtre) et comédienne de théâtre. Elle a publié un second roman depuis, Deux secondes de trop, paru cette année chez XO, qui a l'air pas mal du tout lui aussi !
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